Comme une parenthèse, un retour à Paris en voiture en compagnie de Marie-Josée Chombart de Lauwe. Des heures à l’écouter. Je lui pose des questions, un peu, mais très peu finalement.
Et elle raconte : le travail à l’usine Siemens, en bordure du camp de Ravensbrück, où elle fabriquait des petites pièces électriques pour les tableaux de bords des avions de l’armée allemande, un travail d’orfèvre, impossible à saboter. Elle "organisait" (volait dans le langage du camp) de toutes petites pièces pour fabriquer des cadeaux d’anniversaire à ses amies, à sa mère, déportée avec elle car résistante elle aussi. Ces deux petites broches ciselées dans des voyants d’interrupteurs mesurent moins d’un centimètre de hauteur. Marie-Jo y a inscrit son matricule et celui de sa mère.
Elle raconte aussi la Kinderzimmer, la nurserie du camp. Car bien sûr, dans un camp où l’on enferme des femmes, certaines arrivent enceintes. Marie-Jo sera infirmière auprès de ces mères et de leurs bébés qui ne survivent guère plus de trois mois. Il faut trouver des ruses pour les nourrir. Seulement deux biberons. Alors elle active la solidarité du camp, et la nurserie reçoit dix petites bouteilles, il faut des tétines. Une paire de gants de chirurgien, volée sur le bureau d’un des médecins du camp, et ce seront dix tétines découpées dans les dix doigts des gants.
Elle raconte aussi la Kinderzimmer, la nurserie du camp. Car bien sûr, dans un camp où l’on enferme des femmes, certaines arrivent enceintes. Marie-Jo sera infirmière auprès de ces mères et de leurs bébés qui ne survivent guère plus de trois mois. Il faut trouver des ruses pour les nourrir. Seulement deux biberons. Alors elle active la solidarité du camp, et la nurserie reçoit dix petites bouteilles, il faut des tétines. Une paire de gants de chirurgien, volée sur le bureau d’un des médecins du camp, et ce seront dix tétines découpées dans les dix doigts des gants.
Valentine Goby, dans son roman « La Kinderzimmer », raconte l’histoire de Marie-Josée Chombart de Lauwe.
Aux Editions Actes sud.