Je
n’étais pas retournée à Lann Dreff depuis le défrichage du jardin.
Pour
la première fois, j’y vais tôt le matin. Les arbres coupés laissent la lumière
s’insinuer de tous les côtés, à n’importe quelle heure.
Les
lieux ont changé, le soleil se lève dans un endroit où il était habitué à se
coucher.
Paradis
est un mot d’origine persane qui signifie « enclos muré ».
La
lumière est belle. La végétation repousse, petit à petit. Les arbustes sont en
fleurs. Le portail en fer forgé, aux découpes en forme de cœur, ne tient plus
debout que par hasard. On peut entrer soit à sa gauche, soit à sa droite. Il
est devenu inutile. Inutile et photogénique. Je lui tire le portrait. Je
déambule dans de hautes herbes humides, en quelques minutes je sens la rosée
monter le long des jambes de mon pantalon.
Le plaisir de faire des photographies ici, revient, accompagné du sentiment
d’enregistrer une succession de petits paradis invisibles…