26.4.16

Promenade







Il est des rencontres essentielles, de celles qui vous intiment de réfléchir à votre statut d’humain et dont l’encombrante et cognitive beauté vous entraîne à ne plus faire comme avant.

Mais plutôt qu’un portrait, qui dit si peu qu’il en devient
infidèle, qui dit tellement qu’il en devient indécent, j’ai un instant préféré les paysages. 
Eux seuls raconteront les moments vécus ou rêvés, diront le soutien de cette nature tant aimée, de ces vagues dans lesquelles on nage à proximité d’un horizon à la plénitude réconfortante, de ces chemins que l’on emprunte indéfiniment dans une délicieuse et rassurante récurrence.
Eux seuls diront la permanente quête du photographe qui poursuit sa route, sans trop songer que les êtres chéris sont de plus en plus nombreux à se parer de transparence.
Mes images ne sont faites que de rencontres. Elles prennent corps dans le souvenir de belles phrases murmurées dans un sourire songeur : « L’homme doit jouer sa note dans le concert universel, peut-être est-ce là la raison de sa présence en ce monde… Jouer une note… »
Elles ont pour viatique, les exigeantes et douces attentions que quelqu'une vous adressa les yeux dans les yeux : « Lorsque vous discutez avec quelqu'un ne vous tenez pas en dessous, pas au-dessus non plus. Face à face, Marie. Face à face…» 

Petit à petit, sans doute s’habitue-t-on à l’absence. Parvient-on même à faire usage de la mémoire sans excès de mélancolie, en songeant, à l’instant où elle pourrait l’emporter, qu’il existe la possibilité d'un léger déplacement, de ce « Sel de la vie » dont parle Françoise Héritier.
L’acte photographie ne montre pas tout, alors on le réitère sans fin jusqu'à pressentir parfois, telle la transposition du  souvenir d’une caresse sur la main, la lumière qui dessine la représentation tant espérée.