Il est des rencontres essentielles, de celles qui vous intiment de réfléchir à votre statut d’humain et dont l’encombrante et cognitive beauté vous entraîne à ne plus faire comme avant.
Mais
plutôt qu’un portrait, qui dit si peu qu’il en devient
Eux seuls raconteront les moments vécus ou rêvés, diront le soutien de cette nature tant aimée, de ces vagues dans lesquelles on nage à proximité d’un horizon à la plénitude réconfortante, de ces chemins que l’on emprunte indéfiniment dans une délicieuse et rassurante récurrence.
Eux seuls diront la permanente quête du photographe qui poursuit sa route, sans trop songer que les êtres chéris sont de plus en plus nombreux à
se parer de transparence.
Mes images ne sont faites que de rencontres. Elles
prennent corps dans le souvenir de belles phrases murmurées dans un sourire
songeur : « L’homme doit jouer sa note dans le concert universel,
peut-être est-ce là la raison de sa présence en ce monde… Jouer une
note… »
Elles
ont pour viatique, les exigeantes et douces attentions que quelqu'une vous
adressa les yeux dans les yeux : « Lorsque vous discutez avec quelqu'un ne
vous tenez pas en dessous, pas au-dessus non plus. Face à face, Marie. Face à
face…»
Petit
à petit, sans doute s’habitue-t-on à l’absence. Parvient-on même à faire usage
de la mémoire sans excès de mélancolie, en songeant, à l’instant où elle
pourrait l’emporter, qu’il existe la possibilité d'un léger déplacement, de ce
« Sel de la vie » dont parle Françoise Héritier.
L’acte
photographie ne montre pas tout, alors on le réitère sans fin jusqu'à
pressentir parfois, telle la transposition du
souvenir d’une caresse sur la main, la lumière qui dessine la représentation
tant espérée.